28 juin 2025 : l’accessibilité devient la nouvelle norme du web
Le 28 juin prochain entre en vigueur la directive européenne sur l’accessibilité.
Elle vise à garantir l’accès à certains services et produits aux personnes en situation de handicap.
Depuis trop longtemps l’accessibilité des sites internet est le parent pauvre de toutes les techniques et fondamentaux du métier.
Cantonné à juste « un peu plus d’UX/UI » pour faciliter l’accès à l’information, et permettre une navigation plus fluide, plus efficace sur les sites, peu d’efforts réels ont été réalisés dans le sens d’une véritable accessibilité.
Une courte histoire des normes d’accessibilité
Les normes d’accessibilité numérique elles, ont une histoire plutôt « ancienne » puisque les principes ont été posés dès 1995; donc aux premières heures du web moderne. La première norme WCAG a été publiée dès 1999 par le W3C. C’est beaucoup plus tard, à partir de 2003 que l’Etat commence à se pencher sur le sujet et met en oeuvre un « référentiel sur l’accessibilité des services Internet de l’administration ».
Ce référentiel aboutira en 2005 à une obligation pour les services de l’Etat, les collectivités territoriales, les établissement publics qui en dépendent de rendre accessibles tous les supports numériques de l’État aux personnes handicapées.
WCAG ou RGAA ?
La norme de référence reste la WCAG de par son antériorité et sa portée internationale. C’est la norme du W3C.
Ensuite la RGAA est la transposition française de la norme européenne EN 301 549 qui s’inspire grandement de la WCAG 2.1.
Actuellement la norme RGAA 4 est en vigueur en France, elle consiste en 106 points de contrôle.
Pourquoi adopter et intégrer les normes d’accessibilité ?
Si on parle d’ergonomie, d’efficacité dans l’utilisation des sites on ne peut pas être insensible aux principes posés par l’accesssibilité, ce pour plusieurs raisons pratiques, le public visé (entre 2,6 et 18 millions de personnes à des degrés divers en France selon les sources – Publication Drees : Le handicap en chiffres – édition 2024), l’obligation légale (la directive européenne), et l’indexation de votre site dans les moteurs de recherche.
Le public bénéficiaire de l’accessibilité
Le handicap touche à des degrés divers entre 2,6 et 18 millions de personnes en France selon les sources.
Si l’on se réfère aux études officielles la publication officielle « le handicap en chiffres 2024 » de la DREES (https://handicap.gouv.fr/publication-drees-le-handicap-en-chiffres-edition-2024) précise que le handicap touche en 2022, en France métropolitaine, 14,5 millions de personnes de 15 ans ou plus (soit 28 % de la population !).
Vu le nombre de personnes concernées on peut s’interroger sur le peu d’efforts investis jusqu’ici pour un web accessible dans la sphère privée / commerciale. Comment peut-on imaginer limiter ou se couper de plus d’un quart de son public, de sa clientèle ?
L’obligation légale d’accessibilité des sites internet
Le 28 juin 2025 la directive européenne sur l’accessibilité s’impose à tous sauf aux microentreprises. La directive effectivement renvoie explicitement à cette notion ( articles 53 à 54 de la directive (UE) 2019/882 (European Accessibility Act) publié au Journal officiel L 151 du 7 juin 2019).
La définition de la microentreprise est donnée par la Recommandation 2003/361/CE de la Commission européenne selon laquelle « une entreprise qui occupe moins de 10 personnes ET dont le chiffre d’affaires annuel ou le total du bilan annuel n’excède pas 2 millions d’euros. »
L’obligation touche à la fois la fourniture de services, mais aussi la vente de produits, que ce soit dans un cadre B2C (vente aux particulieres) ou B2B (vente aux professionnels).*
Donc pour résumer, l’obligation de mettre en conformité son site s’applique à votre entreprise dans les conditions suivantes :
– vous avez plus de 10 salariés;
– vous faites plus de 2 millions de chiffre d’affaire
– votre site est un site vitrine
– votre site est un site ecommerce B2C
– votre site est un site ecommerce B2B
Accessibilité, SEO et Intelligence Artificielle : un triple enjeu
L’accessibilité numérique ne bénéficie pas seulement aux utilisateurs en situation de handicap. Elle améliore aussi la structure technique et sémantique des sites, ce qui facilite leur indexation par les moteurs de recherche. Un code propre, des balises bien structurées (titres, alternative texte des images, ARIA, etc.), une navigation cohérente et compréhensible — tout cela permet aux crawlers de Google de mieux interpréter et classer les contenus. L’accessibilité rejoint donc directement les bonnes pratiques SEO, en renforçant à la fois la visibilité et la performance organique.
Avec l’essor de l’intelligence artificielle générative, de plus en plus d’outils et d’agents (comme des assistants vocaux ou des IA de recherche) s’appuient sur une compréhension sémantique du web. Un site accessible, structuré et normé est bien mieux exploitable par ces agents intelligents. L’accessibilité devient ainsi une condition technique d’interopérabilité avec l’écosystème numérique de demain.
* source : L’article 2 de la directive 2019/882 précise qu’elle s’applique aux produits et services mis à disposition sur le marché européen, y compris :
– les sites web et applications mobiles fournissant des services commerciaux, quelle que soit la clientèle (particuliers ou professionnels).
– les services d’information, de communication, ou de transaction proposés via un interface numérique.